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La Philosophie du Wushu et le "Tao"...

"Le véritable courage est de faire ce qui est juste." (Laozi)

 

"Le sage peut découvrir le monde sans franchir sa porte. Il voit sans regarder, accomplit sans agir." (Laozi)

 

"La vertu est la demeure du sage, le devoir, sa voie, la politesse, son vêtement, la prudence, son flambeau et la sincérité son sceau." (Mengzi)

 

"Fiez-vous au message du maître, non à sa personnalité. Fiez-vous au sens, non aux mots seuls. Fiez-vous au message ultime, non au sens relatif. Fiez-vous à votre esprit de sagesse, non à votre esprit ordinaire qui juge. " (Bouddha)

Avant toute chose, il est important de rappeler que dans un club d'arts martiaux en Europe, le religieux n'a pas sa place ! Mais cela n'empêche pas de s'intéresser aux concepts philosophiques qui ont fait naître et qui portent les valeurs de notre pratique.

 

Ceci peut aider le pratiquant à mieux comprendre l'évolution technique, physique et psychique qu'il développera tout au long de son apprentissage, surtout au-delà du niveau d'initié (Ceinture Noire).

 

Le pratiquant de Wushu base ses entrainements, entre autres, avec les "Taolus", autrement dit les formes, qui sont des séries d'enchainements codifiés permettant un développement de ses aptitudes physiques, de ses intentions martiales et de son équilibre psychique. Le mot "Taolu" ou "Tao-lu" signifie littéralement "exercice du principe fondateur de l'univers" ou "exercice de la voie"... Oui, rien que ça !

 

En fait, ramené à l'école des arts martiaux chinois, cela prend un sens bien plus modeste. Il faut comprendre là-dedans que l'exercice des Taolus est le principe fondateur de certains aspects du style pratiqué. Chaque Taolu est le fondement complexe d'un objectif "pédagogique" bien déterminé.

 

Revenons sur le mot "Tao"...

La philosophie du Wushu fut nourrie par plusieurs courants au travers de l'histoire de la Chine : taoïsme, confuscianisme et bouddhisme. Ce sont les 3 grands enseignements en Chine.

 Si on classifie vulgèrement ces 3 courants dans les arts martiaux chinois, le taoïsme est à l'origine des écoles internes (Neijia), le bouddhisme Chan (Zen en japonais), à l'origine des écoles externes (Waijia), et le confuscianisme représente l'expression philosophique populaire, donnant naissance aux valeurs martiales des pratiquants (non moines), au travers notemment du fameux WuDe, né du Wuchang confuscianiste.

Le Taoïsme (Daojia) : (rédigé grâce à l'ouvrage Le Grand Livre du Kung Fu Wushu par Roger Itier)

 

Dans les arts martiaux chinois, on retrouve très souvent le sigle taoïste du Yin-Yang :

Laozi (né en 640 avt J.-C.) serait le fondateur du taoïsme, bien que son existence réelle n'ait jamais été prouvée.

Il aurait été l'auteur de l'ouvrage Dao-de-jing ou le "Livre de la voie et de la vertu" considéré comme la "bible" des taoïstes. D'autres philosophes taoïstes célèbres ont influencé et complété les enseignements du Tao, comme  Zhuanzi ou Liezi. Nous pouvons pas développer le concept du Tao qui est a source des recherches de ces différents penseurs car cela relève de notions mystiques, très difficiles à formaliser. Cependant, il est possible de comprendre des réflexions qui en découlent.

Le Tao étant le "principe fondateur de l'univers" ; la force (Qi) qui régit la nature est la même qui nous anime, nous sommes une parcelle de cet univers et lui-même est une partie de nous ; le microcosme et le macrocosme ne sont qu'un. Selon le taoïsme, pour que l'Homme puisse vivre sur les principes du Tao, il faut qu'il soit en harmonie avec l'ordre naturel et les lois de l'univers. Pour y arriver, les concepts du Yin et du Yang, des cinq éléments (Wuxing) et du non-agir (Wuwei) doivent impérativement être connus.

Le Yin et le Yang est une théorie très ancienne, certainement même inférieure au taoïsme lui-même. Ce sont les complémentaires d'un tout, l'un de pouvant pas exister sans l'autre. Le Yin, c'est le principe féminin, le Yang, le principe masculin ; ce sont les deux faces d'un même objet ou ensemble (Taiji). C'est un équilibre toujours en mouvement de deux pôles qui s'opposent, mais se complètent dans l'intelligence de leur mise en oeuvre ; ils peuvent s'engendrer comme se détruire mutuellement.

Dans les arts martiaux chinois, cette notion est omniprésente sous la forme d'attaque et de défense ; d'ouverture (Kaï) et de fermeture (He) ; de Haut (Jia) et de Bas (Xia) ; de Grand (Taï) et de Petit (Xiao) ; de Souple (Rou) et de Dur (Gang) ; de Vide (Xü) et de plein (Shi) ; de Lenteur et de Rapidité ; d'Intérieur (Nei) et d'Extérieur (Wai), etc.

 

Les 5 éléments sont la symbolisation des phénomènes de l'univers ; leur manifestation se fait au travers de l'énergie (Qi) qui les anime. Ils gravitent autour du Yin et du Yang comme des facteurs d'expression. Ils se présentent dans cet ordre : la Terre (Tu), le Feu (Huo), le Métal (Jin), l'Eau (Shui) et le Bois (Mu). Ils diffèrent donc des 4 éléments fondamentaux dans la vision occidentale (Terre, Eau, Feu et Air) et n'ont pas la même portée surtout.

On retrouve notemment les 5 éléments dans la médecine chinoise, elle-même étroitement liée aux arts martiaux. L'art de soigner et l'art de détruire seraient alors les deux faces d'une même science : le Wushu.

Pour le Wushu, ces 5 agents sont une expression de la force (Jing) selon les correspondances suivantes :

- Le feu : énergie montante ou ascendante ;

- Le bois : énergie d'expansion ou d'explosion ;

- la terre : énergie de translation ou de rotation ;

- le métal : énergie de concentration ou d'implosion ;

- l'eau : énergie descendante ou d'abaissement.

Les relations entre ces éléments ont deux shémas, celui de la création, de la naissance (Cheng), et celui de la soumission (Ko) ou de la destruction. Les deux shémas s'imbriquent et s'engendrent mutuellement comme le Yin et le Yang.

 

L'art du non-agir (Wuwei) est un concept très contemplatif. Il vient s'opposer à la réflexion active et à l'action physique tout en les complétant, créant l'équilibre. L'art du Tao réside dans une vie menée en harmonie avec la nature, sans planifier, sans forcer, sans chercher, sans désirer, simplement comme cela survient.

Ce principe s'applique dans le Wushu en agissant au moment critique et non-pas trop tôt ou trop tard. "Il ne faut s'attendre à rien afin d'être prêt à tout !' (Roger Itier).

 

La pratique des "taos" du Wushu doit se faire dans ce sens...

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